Cyrille Schott (SP 1970)

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Diplômé de la section Service Public 1970, Cyrille Schott est également diplômé d'une licence d'histoire à la Faculté des lettres de Strasbourg (1970), d'une maîtrise d'histoire à l'Université de Paris I (1970) et entre à l'Ecole Nationale d'Administration (1974-1976). Sous-préfét directeur de cabinet à Angoulême, Châlons-sur-Marne et Nevers (1976-1982), il est ensuite conseiller technique au cabinet du Président de la République sous François Mitterrand. Il devient Préfet sur le Territoire de Belfort (1987-1990). Cyrille Schott est Préfét d'Indre-et-Loire.

 

3 questions à Cyrille Schott:

Pourquoi Sciences Po ?

Pour être ambassadeur ! Jusqu'à l'âge de 13 - 14 ans, je rêvais d'être paysan, comme mon grand-père. Le séjour à la ferme aux temps de la fenaison et des moissons était un vrai bonheur. Puis, j'ouvris, à l'adolescence, le journal et me passionnai pour les indépendances en Afrique, les dernières guerres coloniales, les convulsions de l'Amérique Latine, les déchirures du Proche Orient, le conflit entre l'Est et l'Ouest, la construction de l'Europe, la guerre du Viêt-Nam, l'éveil de l'Asie..., enfin les affaires du Monde. Pour jouer un rôle dans ce concert universel, je me voyais ambassadeur. J'appris que l'ENA constituait la voie la plus sûre vers ce but, Sciences Po la voie la plus sûre vers l'ENA. Et voilà !

Mon bac réussi, j'avais 16 ans, et mes parents, qui habitaient l'Alsace, ne me voyaient pas vivre seul dans la capitale. Je ne posais donc pas ma candidature à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, que ma mention m'eût permis d'intégrer.

A la rentrée 1967, je commençais mon cursus strasbourgeois au Palais Universitaire, à Sciences Po, ainsi qu'à la Faculté de Lettres où je m'étais inscrit parallèlement pour préparer la licence d'histoire, mon autre passion ! Je gardais pour moi mon objectif ultime, l'ENA, car en parler, au mieux, eût fait sourire, au pire, m'eût fait passer pour prétentieux, en tout cas inconscient.

Qu'avez-vous trouvé à Sciences Po ?

Un enrichissement de mon savoir, dans les domaines des relations internationales, de l'histoire contemporaine, des institutions publiques, domaines que j'avais déjà commencé à défricher par moi-même ; la découverte de nouveaux horizons, certains arides à mes yeux, comme ceux du droit administratif ou des finances publiques, d'autres intrigants, comme ceux des idées politiques, du marxisme, alors en vogue. L'enseignement de la culture générale me fit envisager une façon de voir le monde, souvent originale, parfois inattendue ; peut-être était-ce dû au professeur, mais la vision n'avait rien de conventionnelle, elle était volontiers exigeante, et, en tout cas, m'obligeait à un véritable effort de réflexion. C'était de l'air frais, souvent surprenant, toujours excitant !

A Sciences Po, j'appris à mieux regarder le monde, à mieux le comprendre.

Mais Sciences Po, ce ne fut pas que cela ! Le premier trimestre, encore très imprégné de certaines habitudes lycéennes, ce fut aussi la découverte de la liberté, du " droit à la paresse ". Je me surpris à me fixer des règles, du genre : " pas de cours avant 10 h, ni après 17 h ", à composer des maximes comme : " que ne suis-je rivière pour suivre le cours dans mon lit " ! La découverte des wynstub strasbourgeoises, la fréquentation assidue des cinémas de la ville, la pratique des soirées étudiantes ne furent pas négligeables, loin de là, dans ces années passées à l'ombre de la cathédrale. Je logeais au FEC et avais rapidement fait reproduire la clé de la grande porte chez un expérimenté serrurier strasbourgeois, ce qui me permettait de rentrer à toute heure de la nuit. De très belles filles fréquentaient la promotion. Cela aussi exigeait quelque temps...

Le paradoxe est que cette méthode m'apprit la pratique du travail intensif. Car, alors que les jours s'écoulaient doucement, il fallait, dans le mois et demi précédant les examens, ingurgiter un programme assez phénoménal, celui de toute une année. Heureusement que des amies me permettaient de photocopier leurs notes, que l'absorption rapide du contenu des livres ne me décourageait pas. Le rythme, alors, devenait rude : travail de 9 h à 1 h du matin, et ainsi tous les jours, fins de semaine incluses. Bref, je réussissais à franchir sans vraies difficultés l'obstacle des épreuves de fin d'année... et je finis, il est vrai après un solide labeur accompli à Paris pour compléter les connaissances techniques dans telle ou telle matière, par connaître le succès au concours de l'ENA.

Et aujourd'hui, je suis Préfet. Pas ambassadeur ! Pourquoi ? Parce que j'aimais ma femme. Parisienne, elle ne voulait pas du tout vivre à l'étranger, et pas vivre en province. Je l'ai écrit, je l'aimais. Donc entre le "pas du tout" et le "pas", je choisis le "pas" !

 

Que diriez-vous aux jeunes futurs anciens qui étudient en ce moment à Sciences Po ?

Le métier de Préfet est passionnant. Si des jeunes sont tentés par l'aventure, qu'ils n'hésitent pas ! Sciences Po Strasbourg est un bon chemin pour y parvenir.

 

Ouvrages :

- " Parole de Préfet : Sarkozy, Frêche et les autres... " éditions La valette-Le Noyer (2020)

Parole de préfet - Sarkozy, Frêche et les... - Cyrille Schott - Livres -  Furet du Nord

 

- " Un Alsacien, préfet en Alsace", éditions du Signe  (2018)

Un Alsacien, préfet en Alsace - Editions du signe

 

- "La rose & le lys – François Mitterrand et le comte de Paris 1986-1996", éditions Plon (2011-2020)

Amazon.fr - La rose & le lys - SCHOTT, Cyrille - Livres

- Le "Jardin des délices" avec le peintre PASO, éditions la Diane française (2008)

- Préface de Le Conseil souverain d’Alsace au XVIIème siècle, de Georges Livet et Nicole Wilsdorf, éditions Société savante d’Alsace (1997)